Coeur de brume
Que puis-je être,
Le vent dans le dos ?
Qu’une cicatrice
Que j’ai cachée au soleil !
Mon cœur arraché,
Tous les jours un peu laid
Où l’aveu s’efforce dans l’éveil,
Où l’on entend ses bribes saccadées.
Que puis-je être
Avec la cicatrice que j'ai dans le dos ?
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Que puis-je être d’autre
Qu’un homme sans cesse
Laissant son cœur au bord des fautes ?
Que puis-je faire
Tous les jours appelés
À vivre forts hors la veille ?
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Que puis-je faire de mes hôtes
Remplaçant mon cœur arraché ?
Que puis-je être
Tournant le dos au soleil ?
Ma cicatrice toute séchée
Dissimulée au grand jour
D’un monde éloigné de toutes beautés.
Que puis-je faire
Mon néant à tout jamais
Plongé dans le regard vague
D’un Dieu à tout défaire ?
Que puis-je être d’autre,
Même à gorge déployée,
Qu’une petite colère dans la fête ?
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Qu’un homme rongé de la tête aux pieds ?
Où puis-je m’adresser à Jésus,
À son père le dément ?
Où puis-je déverser mon rhésus
Le trop-plein de mon sang ?
Que puis-je être sinon un homme
Renversé, souffrant de son rang ?
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Que puis-je dire encore,
Ma voix criarde à la fenêtre
Mon nom planté sur le palier ?
Que puis-je emprunter maintenant
Sinon l’escalier
Pour le redescendre sans alliés
Comme à l’âge où j’y montais ?
Que puis-je être,
Le vent dans les yeux ?
Qu’une cicatrice
Que j’ai cachée au soleil !
Que puis-je hurler à Dieu le Dément ?
Tout mon démon avec véhémence !
Son fils, son vice en entête !
La colère du poète !
Que puis-je être d’autre,
Même à gorge déployée,
Qu’une petite colère dans la fête ?
Un homme rongé des pieds à la tête !
La colère des poètes !
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Cribas 21.09.2006